Crise du logement: le milieu communautaire manifeste son mécontentement
HABITATION. Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées à Cowansville, en début de semaine, afin de démontrer leur indignation face à la crise du logement qui sévit dans Brome-Missisquoi depuis quatre ans et réclamer des mesures correctives de la part des autorités gouvernementales.
Cette manifestation était organisée par l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) Montérégie-Est, en collaboration avec la Corporation de développement communautaire (CDC) de Brome-Missisquoi. Des membres et employés des d’Action Plus Brome-Missisquoi, de la Cellule jeunes et famille, d’Entrée chez soi Brome-Missisquoi, du Sac à mots et du Phare source d’entraide se sont notamment déplacés pour l’occasion.
Les participants se sont réunis à l’intersection des rues Sud et Léopold avant de se déplacer en direction du parc Davignon, pancartes à la main, pour écouter des discours, prendre part à un petit dîner communautaire et aménager un musée de la crise du logement.
Revendications des organismes
Les manifestants s’entendent pour dire que les gouvernements n’en font pas assez pour circonscrire la crise du logement.
« Le taux d’inoccupation dans Brome-Missisquoi est de 0,8% et est quasi-nul pour les appartements de cinq pièces et demie. Il y a définitivement un manque de logement, d’autant plus quand l’on parle de logement social, salubre, adapté et de qualité », indique Julie Coderre, conseillère budgétaire à l’ACEF Montérégie Est.
La situation est particulièrement difficile pour les personnes sans emploi et les faibles salariés.
« De nos jours, les gens au salaire minimum n’arrivent même pas à payer moins de 30% de leurs revenus en frais de logement. Il est reconnu qu’au-delà de ce seuil, un logement est inabordable », renchérit Marie-Ève Godbout, co-coordonnatrice d’Action Plus Brome-Missisquoi.
Les personnes handicapées sont également affectées de façon particulière.
« Plusieurs de ces personnes doivent vivre avec un faible revenu puisqu’elles ne peuvent pas travailler, que l’équipement coûte cher et qu’il leur faut adapter leur maison », mentionne Éric Tremblay, président de l’Association des personnes handicapées physiques de Brome-Missisquoi.
Une prestataire d’aide sociale, en couple depuis dix ans, déplore le fait que son conjoint et elle doivent habiter séparément pour éviter que leurs prestations soient amputées de 24 %.
« La cohabitation des personnes à faibles revenus éligibles à l’aide sociale aiderait à lutter contre la pénurie de logements car ça libérerait des appartements », ajoute-t-elle.
La situation est telle que certaines femmes doivent choisir entre manger et s’abriter sous un toit, entre la violence et l’itinérance.
« Les femmes qui désirent quitter un conjoint violent se retrouvent fréquemment sans crédit, avec un ou plusieurs enfants, dans une situation d’urgence. Les ressources d’aide actuelles débordent. Il faut des solutions », insiste Josiane Whittom, coordonnatrice du Centre femmes des Cantons.
Disparition d’Accès Logis
Pour amoindrir les contrecoups de la crise du logement, les manifestants réclament plus de logements sociaux, salubres et adaptés aux besoins, moins de logements avec AirBnB et autres services de location à court terme qui nuisent au taux d’inoccupation. Selon eux, il faut également prévoir des emplacements pour loger des personnes de manières temporaire et urgente.
« Le plus gros problème selon moi, c’est la disparition du programme Accès Logis, qui assurait la construction de logements sociaux. Maintenant, avec le Programme d’habitation abordable Québec, c’est l’abordabilité qui est mise de l’avant. Ce nouveau programme ne garantit pas un accès aux populations les plus vulnérables ni l’abordabilité à long terme (sur 15 ou 20 ans). C’est là tout le danger de confier au secteur privé la construction et le développement de mesures sociales », plaide Nicolas Gauthier, directeur de la CDC de Brome-Missisquoi.
Dans la foulée de la manifestation, les organisateurs de la manifestation entendent faire parvenir des cartes de souvenir aux autorités municipalités pour les sensibiliser au problème de la crise du logement et, espère-t-on, pour s’en faire des alliées.
« On retrouve déjà certains élus municipaux à la Table logement de Brome-Missisquoi », prend soin de rappeler M. Gauthier.