Espèces aquatiques envahissantes: 19 plans d’eau estriens dans le rouge

ENVIRONNEMENT. Dix-neuf plans d’eau estriens se voient octroyer une cote rouge en matière de contamination par des espèces aquatiques envahissantes (EAE). Cette catégorisation signifie que ces lacs et rivières possèdent un taux de contamination très élevé, donc à surveiller. Les usagers devront respecter rigoureusement le nettoyage de toutes les formes d’embarcation et d’équipements nautiques.

Ce résultat a été dévoilé par le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) au lac Brompton, mardi matin (23 juillet). L’organisme a publié une liste des plans d’eau contaminés par des EAE, comme les moules zébrées, le myriophylle à épis et autres noms exotiques tels que les vivipares chinoises et géorgiennes.

Selon le chargé de projet, Dr David O’Connor, l’objectif consiste à identifier les cours d’eau, à accentuer l’importance de laver les embarcations et à déployer une stratégie régionale de lutte contre ce phénomène croissant. « Le but ultime est de freiner la propagation et de limiter au maximum les impacts environnementaux et de coûteuses conséquences économiques », prévient-il.

M. O’Connor tient à informer les plaisanciers et les usagers qu’ils doivent faire preuve de vigilance pour tous les lacs et rivières identifiés dans ce rapport, qu’ils arborent une cote rouge (19) ou jaune (42 plans d’eau). Des méthodes précises de lavage sont déployées selon la cote accordée aux lacs. Le CREE recommande même une vigilance de base pour ceux et celles qui naviguent sur des plans d’eau qui n’apparaissent pas sur la liste. « La prémisse de base sera bientôt de se considérer contaminé dès qu’on touche à l’eau, alerte-t-il. Un lavage sera aussi requis avant de se promener sur un autre plan d’eau. »

Un des enjeux à solutionner sera d’éliminer la confusion autour des lavages d’embarcation, surtout que les règles et le degré de surveillance diffèrent d’un lieu à l’autre, même dans deux municipalités voisines. 

Des risques importants aux lacs Champlain et Memphrémagog

La baie Missisquoi au lac Champlain, le lac Memphrémagog ainsi que les rivières Magog et Saint-François figurent parmi les endroits les plus problématiques.

Le myriophylle à épi est l’espèce la plus répandue en Estrie, avec 46 populations dispersées dans la région. Ce chiffre serait même sous-estimé, selon les spécialistes. Cependant, d’autres EAE démontrent des impacts plus sévères. La moule zébrée et le cladocère épineux s’attaquent aux populations aquatiques indigènes, aux infrastructures comme les conduites d’eau potable et perturbent les activités nautiques.

Selon le CREE, la clé de la prévention est de toujours laver, vider et sécher toute embarcation et tout matériel ayant touché à l’eau d’un lac contaminé. L’organisme cible évidemment les bateaux à moteur et non motorisés, incluant les embarcations gonflables et l’équipement personnel. Pour les planches à pagaie, par exemple, on recommande un séchage au soleil pendant cinq jours ou un trempage dans un bain d’eau chaude à la maison.

La liste des lacs contaminés est le fruit de plusieurs mois de recherche, et marque un tournant dans les actions du CREE pour détecter les EAE en Estrie et pour lutter contre leur propagation. Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un projet pilote, financé par Pêches et Océans Canada, qui établit les prémisses d’une stratégie régionale de lutte contre les EAE dans la région. C’est au cours de cette analyse que plusieurs EAE ont été détectées dans certains lacs, dont la vivipare géorgienne dans le lac Brompton, avec l’aide de l’Association pour la protection du lac Brompton (APLB). 

Nouvelle espèce coriace au lac Brompton

Cette vivipare géorgienne est une nouveauté et a été ciblée à temps pour mieux la contrôler, aux dires de David O’Connor. « Bravo à l’APLB, car cette vivipare est très coriace, ajoute-t-il. Pas de panique, on a encore le temps de trouver des solutions. »

Président de l’APLB, Jean Nadeau invite les trois municipalités riveraines au lac Brompton à adopter des règlements communs et harmonieux afin de lutter plus efficacement contre les EAE. Selon lui, la solution passe par un meilleur contrôle en entrant sur les lacs et sur les plans d’eau, tout en imposant des sanctions aux contrevenants. « Le bon vouloir a parfois des limites, surtout qu’une récente observation non scientifique a conclu que seulement 31% des plaisanciers avaient lavé leur embarcation avant de naviguer sur le lac Brompton », signale-t-il.

Le CREE recommande de toujours effectuer un lavage à une station disposant d’employés qui se conforment aux normes et recommandations du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec, quitte à faire un détour avant de se rendre à destination. « Il reste vital que chaque propriétaire d’embarcation accédant à un plan d’eau se renseigne sur le niveau de contamination du plan d’eau et les différents nettoyages efficaces dans sa situation, suggère le CREE. C’est dans ce contexte que la liste a été créée. »

Information supplémentaire sur la liste des lacs et rivières et sur les différentes méthodes pour nettoyer efficacement les embarcations sur les sites Internet du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) et du RAPPEL.

 

Exemples de plans d’eau dans le rouge et le nombre d’espèces envahissantes

MRC de Brome-Missisquoi

Baie Missisquoi (17)

Lac Champlain (16)

Lac Brome (3)

Lac Sheffington (4)

 

MRC Haute-Yamaska

Lac Boivin (3)

Lac Roxton (1)

Lac Waterloo (3)

Rivière Yamaska (5)

MRC Coaticook

Étang Peasley (1)

 

MRC Memphrémagog

Lac Magog (4)

Lac Memphrémagog (4)

Lac Massawippi (5)

Lac Brompton (3)

Lac Stukely (3)

 

Sherbrooke

Rivière Magog (6)

Rivière Saint-François (5)