Le Hezbollah tire une nouvelle salve sur le nord d’Israël
Le Hezbollah a tiré une nouvelle salve sur le nord d’Israël jeudi, poursuivant son rythme d’échanges avec l’armée israélienne, alors que les craintes d’une guerre plus grande augmentent après les explosions de centaines d’appareils électroniques au Liban, qui ont tué au moins 32 personnes et blessé plus de 3000 autres.
Les explosions d’appareils semblaient être le point culminant d’une opération de plusieurs mois menée par Israël pour cibler autant de membres du Hezbollah que possible en même temps. Pendant deux jours, des téléavertisseurs et des talkies-walkies utilisés par le Hezbollah ont explosé, blessant et même paralysant certains combattants, mais mutilant également des civils liés aux branches sociales du groupe. Au moins deux enfants sont morts.
On ne sait pas exactement comment cette attaque s’inscrit dans le contexte des avertissements lancés ces dernières semaines par les dirigeants israéliens selon lesquels ils pourraient lancer une opération militaire renforcée contre le Hezbollah, la plus puissante force armée du Liban. Le gouvernement israélien a déclaré qu’il s’agissait d’un objectif de guerre visant à mettre fin aux tirs transfrontaliers du groupe soutenu par l’Iran, afin de permettre à des dizaines de milliers d’Israéliens de retourner chez eux près de la frontière.
S’adressant aux troupes israéliennes mercredi, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a affirmé: «Nous sommes au début d’une nouvelle phase de la guerre – cela exige du courage, de la détermination et de la persévérance.» Il n’a fait aucune mention des engins explosifs, mais a salué le travail de l’armée et des agences de sécurité israéliennes, déclarant que «les résultats sont très impressionnants».
Le ministre Gallant a indiqué qu’après des mois de combats contre le Hamas à Gaza, «le centre de gravité se déplace vers le nord en détournant les ressources et les forces».
Le Hezbollah a déclaré jeudi matin avoir ciblé des positions militaires dans le nord d’Israël, sans préciser quelles armes il avait utilisées. Les hôpitaux israéliens ont indiqué avoir traité au moins huit patients blessés dans les attaques. L’armée a annoncé jeudi matin avoir frappé plusieurs sites militants dans le sud du Liban pendant la nuit.
Israël veut changer de cap
Cette salve de frappes a été un signal du Hezbollah qu’il poursuivrait ses tirs quasi quotidiens, ce qui, selon lui, est une démonstration de soutien au Hamas dans le contexte de la guerre israélienne de 11 mois à Gaza en représailles à l’attaque des militants palestiniens du 7 octobre contre Israël.
Israël a répondu aux tirs du Hezbollah par des frappes dans le sud du Liban et a frappé des personnalités importantes du groupe dans la capitale, Beyrouth. Ces échanges ont fait des centaines de morts au Liban et des dizaines en Israël et ont forcé l’évacuation de dizaines de milliers d’habitants de chaque côté de la frontière.
Israël et le Hezbollah se sont retirés à plusieurs reprises d’une guerre totale sous la forte pression des États-Unis, de la France et d’autres pays.
Mais dans leurs récents avertissements, les dirigeants israéliens ont déclaré qu’ils étaient déterminés à changer radicalement le statu quo.
Israël a commencé à déplacer davantage de troupes à sa frontière avec le Liban mercredi par mesure de précaution, ont annoncé des responsables israéliens. Le chef de l’armée israélienne, le lieutenant général Herzi Halevi, a précisé que des plans avaient été élaborés pour une action supplémentaire contre le Hezbollah, bien que les médias eurent rapporté que le gouvernement n’avait pas encore décidé s’il lancerait une offensive majeure au Liban.
Le Liban toujours secoué
Pendant ce temps, le Liban était encore sous le choc des explosions sans précédent de mardi et mercredi.
Les explosions ont secoué les Libanais anxieux qui craignent une guerre à grande échelle. L’armée libanaise dit avoir localisé et fait exploser des téléavertisseurs et des appareils de communication suspects, tandis que les autorités de l’aviation civile du pays ont interdit les téléavertisseurs et les talkies-walkies dans tous les avions au départ de l’aéroport international de Beyrouth jusqu’à nouvel ordre.
L’attaque était susceptible de perturber gravement la communication interne des membres du Hezbollah alors qu’ils se démènent pour déterminer des moyens sûrs de communiquer entre eux. Le Hezbollah a annoncé la mort de cinq combattants jeudi, mais n’a pas précisé s’ils avaient été tués dans les explosions ou sur les lignes de front.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, devait s’exprimer plus tard jeudi alors que le groupe a juré de riposter contre Israël.
Les explosions ont eu lieu partout où se trouvaient les porteurs de téléavertisseurs ou de talkies-walkies dans plusieurs quartiers de Beyrouth et de l’est et du sud du Liban – dans des maisons et des voitures, des épiceries et des cafés et dans la rue, même lors d’un enterrement de personnes tuées dans les bombardements, souvent en présence de leur famille et d’autres passants.
Beaucoup ont souffert de blessures béantes aux jambes, à l’abdomen et au visage ou ont été mutilés à la main. Les explosions de téléavertisseurs de mardi ont tué 12 personnes, dont deux enfants, et en ont blessé quelque 2800 autres. L’explosion du lendemain a fait 20 morts et plus de 450 blessés.
Le ministre de la Santé Firas Abiad a fait l’éloge des hôpitaux libanais, affirmant qu’ils avaient réussi à faire face à l’afflux de blessés en quelques heures. «C’était une attaque aveugle. C’était un crime de guerre», a-t-il déclaré.
Mary Ellen O’Connell, professeure de droit et d’études internationales sur la paix à l’Université de Notre Dame dans l’Indiana, a déclaré que ses pièges sont interdits par le droit international. «Il est strictement interdit de transformer en arme un objet utilisé par des civils», a-t-elle indiqué.