Legault se «fiançaille» avec Poilievre, dit Duclos, tout juste nommé lieutenant

OTTAWA — Le premier ministre du Québec, François Legault, a ni plus ni moins annoncé «des fiançailles» avec le chef conservateur Pierre Poilievre en réclamant des élections fédérales, estime le ministre Jean-Yves-Duclos, fraîchement nommé lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec.

«M. Legault, ce qu’il a annoncé aujourd’hui, ce sont des fiançailles avec Pierre Poilievre, comme une future mariée. Mais est-ce qu’il connaît vraiment la future mariée Pierre Poilievre?» a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne.

Le ministre s’explique mal pourquoi M. Legault «tout d’un coup» croit qu’il soit préférable d’avoir «un Pierre Poilievre de « coupes, coupes, coupes »» pour les Québécois. A-t-il même «pris le temps de réfléchir», s’est-il demandé à voix haute.

M. Duclos venait d’être piqué au vif lorsque questionné à savoir si M. Legault a porté un dur coup au gouvernement Trudeau lorsqu’il a demandé au Bloc québécois de le renverser lors du vote sur la motion de censure qui doit être déposée mardi dans l’espoir de provoquer des élections fédérales.

Jean-Yves Duclos, qui est député de Québec depuis 2015 et ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, a été nommé jeudi après-midi dans les fonctions de lieutenant pour le Québec après que Pablo Rodriguez a quitté le cabinet pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec.

Dans le cadre de ce remaniement, sa collègue Anita Anand, qui est quant à elle présidente du Conseil du Trésor, a ajouté à ses fonctions celles de ministre des Transports.

Questionnée sur le fait que son nom a beaucoup circulé comme une ministre qui serait intéressée à succéder à Justin Trudeau à la tête du Parti libéral, Mme Anand a nié.

«Ce n’est pas la vérité. La vérité est la suivante: je suis ici pour travailler avec une équipe, une équipe de ministres, une équipe de caucus pour notre pays et pour notre économie», a-t-elle dit en mêlée de presse.

Mme Anand a dit avoir eu une bonne conversation avec le premier ministre au cours de laquelle elle lui a mentionné qu’elle «aime beaucoup travailler fort» et qu’elle était heureuse de «continuer de faire ça dans les deux dossiers» dont elle a maintenant la responsabilité.

«Faire un Poilievre de lui-même»

De son côté, M. Duclos a semblé mener une attaque en règle contre François Legault, envoyant une série de pointes pour reprocher au premier ministre du Québec et chef de la Coalition avenir Québec de «faire un Pierre Poilievre de lui-même».

«M. Legault doit expliquer aux Québécois pourquoi déchirer l’entente qui est en train de mener à la construction de 8000 logements sociaux c’est une bonne idée», comme Pierre Poilievre le dit.

Le premier ministre Legault «doit» aussi dire «s’il est un climatosceptique, s’il dit que les changements climatiques n’existent pas, comme Pierre Poilievre», a-t-il poursuivi.

Et il ne s’est pas arrêté en si bon chemin. «M. Legault doit expliquer pourquoi, comme Pierre Poilievre, il penserait que de défendre les droits des femmes ce n’est pas important».

M. Duclos est resté évasif lorsque questionné sur ce qu’il est disposé à offrir en échange de l’appui du Bloc québécois lors de votes de confiance, se contenant d’affirmer qu’il trouvera des terrains d’entente avec «les» partis d’opposition. Autrement dit, cela pourrait être avec le Bloc ou avec le Nouveau Parti démocratique.

Le parti dirigé par Yves-François Blanchet a signalé la semaine dernière que d’augmenter les pensions des aînés de 65 à 74 ans au même niveau que celles versées aux 75 ans et plus pourrait être une monnaie d’échange. De même, il serait prêt à marchander son appui contre davantage de pouvoirs pour le Québec en matière d’immigration.

Qu’en pense M. Duclos? «On ne travaille pas pour le Bloc. On travaille pour les Québécois», a-t-il répondu.

Lui ou Rodriguez, est-ce que ce sera bonnet blanc, blanc bonnet? «On n’a pas tout à fait la même coupe de cheveux», rigole d’abord le ministre.

Une différence notable est qu’il est élu dans un secteur où les libéraux peinent à faire des gains. «Je connais très bien les régions en dehors de Montréal», note-t-il.

Mais les deux hommes se ressemblent à plusieurs égards, insiste-t-il. Les deux partagent une «passion pour le Québec» et des «valeurs progressistes».

Il compte se battre «pour les gens qui en ont le plus besoin, pour un meilleur futur pour tous les Québécois qui travaillent fort tous les jours pour prendre soin de leur famille, prendre soin de l’environnement, prendre soin de la santé des gens, assurer la sécurité des communautés, investir dans l’économie pour faire croître la classe moyenne».