La CAQ refuse de mettre fin au financement public des écoles religieuses

QUÉBEC — La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault refuse de mettre fin au financement public des écoles religieuses.

Tous les députés caquistes présents en Chambre jeudi ont voté contre une motion du Parti québécois (PQ) qui demandait notamment d’être cohérent avec les principes de laïcité et de retirer le financement à ces écoles.

La motion réclamait également un renforcement de la Loi sur la laïcité, communément appelée loi 21.

Fait étonnant: Québec solidaire (QS) a choisi de voter avec la CAQ, tandis que les députés du Parti libéral du Québec (PLQ) et du PQ ont voté ensemble en faveur de la motion.

Il s’agit d’un revirement spectaculaire pour les libéraux, mais, en 2024, «on est rendus là», a déclaré en point de presse leur chef intérimaire, Marc Tanguay, qui a dit trouver normal que le parti «évolue».

Au Québec, une cinquantaine d’écoles religieuses, catholiques, protestantes évangéliques, musulmanes, juives ou orthodoxes, reçoivent environ 160 millions $ par année d’argent public, selon le PQ.

Le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a expliqué jeudi que son parti retirerait le financement public aux écoles religieuses, mais qu’il ne pouvait conclure, pour l’instant, à l’absolue nécessité de renforcer la loi 21.

Rappelons que mercredi, la députée solidaire Ruba Ghazal avait déposé une motion demandant au «gouvernement du Québec d’envisager de mettre fin au financement public des écoles privées confessionnelles», mais elle avait été rejetée par la CAQ.

«De là à conclure, en deux coups de cuillère à pot, (…) qu’il faut impérativement changer la loi, bien, c’est allé beaucoup trop vite, alors c’est pour ça qu’on (a) voté contre la motion du PQ», a expliqué M. Nadeau-Dubois.

Le débat sur la laïcité a été relancé cette semaine dans la foulée d’un rapport sur l’école publique Bedford, qui fait mention de «certaines pratiques religieuses, telles que des prières dans les salles de classe ou encore des ablutions dans les toilettes communes».

François Legault a depuis mandaté le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, et le ministre de la Laïcité, Jean-François Roberge, «d’examiner toutes les options» pour «renforcer les contrôles et la laïcité dans les écoles».

Dans sa motion, le PQ propose en outre d’inscrire le principe de laïcité dans la Loi sur l’instruction publique et la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance, afin de se prémunir contre les pressions religieuses.

En mêlée de presse jeudi, M. Drainville a défendu le refus de son gouvernement d’abolir le financement public des écoles religieuses, arguant qu’elles respectent, jusqu’à preuve du contraire, le régime pédagogique québécois.

Le premier ministre Legault en a rajouté, accusant les autres partis de vouloir couper le financement à des collèges d’héritage catholique, par exemple «le collège Brébeuf, le collège Notre-Dame, le collège Jésus-Marie et le Petit Séminaire de Québec».

«Les écoles privées qui ont été créées entre autres par des membres du clergé, donc des écoles qui étaient catholiques, (…) il n’y en a pas de problème dans ces écoles-là», a-t-il déclaré.

M. Legault créé la confusion en faisant référence à des écoles comme le collège Brébeuf, qui sont laïques depuis des années, ont dénoncé les partis d’opposition.

En point de presse, le député péquiste Pascal Bérubé a suggéré que la CAQ tenait à protéger les écoles catholiques.

«Ils sont comiques, la CAQ. Ils disent que ça va être populaire de passer la loi 21, mais ils ne veulent pas aller plus loin, parce qu’il y a peut-être des écoles chrétiennes là-dedans», a-t-il lancé en anglais.