Volodymyr Zelensky dit que des troupes nord-coréennes seront déployées en Ukraine

Des troupes nord-coréennes sont sur le point d’être déployées par la Russie sur le champ de bataille en Ukraine dès ce week-end, a affirmé vendredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Des responsables occidentaux ont averti que l’adhésion d’unités nord-coréennes au combat alimenterait la guerre qui dure depuis près de trois ans et entraînerait des conséquences géopolitiques jusque dans la région indo-pacifique.

Cette possibilité a alarmé les dirigeants et aggravé les tensions diplomatiques.

Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a déclaré vendredi que les principaux conseillers à la sécurité nationale des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud se sont rencontrés et ont «exprimé leur grave inquiétude» concernant le déploiement de troupes nord-coréennes en vue d’une éventuelle utilisation avec la Russie sur le champ de bataille contre l’Ukraine.

M. Kirby a affirmé que les conseillers à la sécurité nationale des trois pays «appellent la Russie et la Corée du Nord à cesser ces actions qui ne servent qu’à étendre les implications sécuritaires de la guerre brutale et illégale de la Russie au-delà de l’Europe et dans l’Indo-Pacifique».

«Il est possible que plus de 3000 soldats nord-coréens aient été envoyés en Russie pour être équipés et entraînés», a indiqué M. Kirby lors d’un appel avec des journalistes.

M. Kirby a dit que le gouvernement américain n’avait pas d’évaluations précises des services de renseignement sur l’endroit où les troupes allaient. Il a toutefois indiqué qu’il est «peut-être même probable» que certaines des troupes nord-coréennes soient déployées dans la région de Koursk en Russie, où l’Ukraine détient un territoire depuis sa capture en août. Il a prévenu qu’il ne savait pas à quel titre et dans quel but les troupes nord-coréennes seraient déployées.

Un haut responsable du bureau présidentiel ukrainien a déclaré vendredi à l’Associated Press que M. Zelensky avait annulé une visite prévue à Kyiv du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Le responsable, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler publiquement de la question, a déclaré que la visite était censée avoir lieu après le sommet de cette semaine dans la ville russe de Kazan du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud auxquels s’ajoutent d’autres pays) auquel M. Guterres a assisté.

Une photo de M. Guterres serrant la main du président russe Vladimir Poutine lors du sommet a déclenché un tollé en Ukraine.

M. Zelensky, dans une publication sur le réseau social Telegram, a écrit que les services de renseignement ukrainiens avaient déterminé que «la première armée nord-coréenne serait utilisée par la Russie dans des zones de combat» entre dimanche et lundi.

Il a affirmé sur Telegram que le déploiement était «une escalade évidente de la part de la Russie». Il n’a pas fourni plus de détails, notamment sur l’endroit où les soldats nord-coréens pourraient être envoyés.

La Russie a mené une campagne estivale féroce le long du front oriental en Ukraine, obligeant progressivement Kyiv à céder du terrain. Mais la Russie a eu du mal à repousser les forces ukrainiennes hors de sa région frontalière de Koursk après une incursion il y a près de trois mois.

Une «guerre mondiale» à l’horizon, selon Zelensky

Des unités nord-coréennes ont été détectées mercredi à Koursk, selon la Direction du renseignement militaire (GUR) du ministère ukrainien de la Défense.

Les soldats avaient suivi plusieurs semaines d’entraînement dans des bases de l’est de la Russie et avaient été équipés de vêtements pour l’hiver à venir, a déclaré la GUR dans un communiqué jeudi soir.

Le nombre de soldats nord-coréens envoyés par Pyongyang en Russie s’élèverait à environ 12 000, dont 500 officiers et trois généraux.

Le GUR n’a fourni aucune preuve de ses affirmations.

Le ministre néerlandais de la Défense, Ruben Brekelmans, a déclaré vendredi sur la plateforme X que des rapports de renseignement indiquaient que les soldats nord-coréens «seront probablement d’abord déployés à Koursk».

Le déploiement de forces nord-coréennes dans le cadre d’un pacte militaire entre Moscou et Pyongyang apporte une nouvelle dimension au conflit, qui est la plus grande guerre d’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale et qui a coûté des dizaines de milliers de vies des deux côtés, dont de nombreux civils.

Les États-Unis ont déclaré mercredi que 3000 soldats nord-coréens ont été déployés en Russie et s’entraînent à plusieurs endroits, qualifiant cette décision de très grave.

M. Zelensky a affirmé il y a une semaine que son gouvernement disposait d’informations de renseignement selon lesquelles 10 000 soldats nord-coréens se préparaient à rejoindre les forces russes combattant contre son pays. Il a soutenu qu’une troisième nation s’engageant dans les hostilités transformerait le conflit en «guerre mondiale».

La Corée du Nord a déjà fourni des munitions à la Russie dans le cadre d’un accord de défense, mais envoyer des troupes sur le terrain pourrait sérieusement compliquer une guerre qui a enflammé la politique internationale, la plupart des pays occidentaux soutenant Kyiv.

Vladimir Poutine, quant à lui, a cherché le soutien des membres du BRICS. Il n’a ni confirmé ni nié la présence de troupes nord-coréennes en Russie.

– Avec des informations de Mike Corder à La Haye et de Josh Boak à Washington