Des frappes israéliennes font au moins 60 morts dans le nord de la bande de Gaza
Une frappe israélienne sur un immeuble de cinq étages où des Palestiniens déplacés s’étaient réfugiés dans le nord de la bande de Gaza a tué au moins 60 personnes, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants, a annoncé le ministère de la Santé de Gaza tôt mardi.
Même si l’attention s’est portée sur le Liban et l’Iran ces dernières semaines, Israël a continué de diriger une vaste opération dans le nord de Gaza et de mener des frappes aériennes sur tout le territoire.
Le Dr Marwan al-Hams, qui est le directeur du département des hôpitaux de campagne au ministère de la Santé de Gaza, a ajouté en conférence de presse que 17 autres personnes étaient portées disparues depuis la frappe sur l’immeuble situé à Beit Lahia.
Le service d’urgence du ministère a indiqué qu’au moins 12 femmes et 20 enfants faisaient partie des victimes, dont des bébés. Une mère et ses cinq enfants, dont certains étaient adultes, et une deuxième mère avec ses six enfants ont perdu la vie, selon une première liste de victimes fournie par le service d’urgence.
L’armée israélienne, qui mène cette opération dans le nord de Gaza depuis plus de trois semaines, ciblant ce qu’elle dit être des poches de militants du Hamas, n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Le Dr Hossam Abu Safiya, qui est le directeur de l’hôpital voisin de Kamal Adwan, a fait savoir que son hôpital avait été débordé par la vague de blessés provoquée par l’attaque. Les forces israéliennes ont effectué un raid sur l’établissement médical au cours de la fin de semaine, arrêtant des dizaines de médecins.
L’armée israélienne a soutenu avoir arrêté des dizaines de militants du Hamas lors du raid à Kamal Adwan, le dernier d’une série de frappes contre des hôpitaux depuis le début de la guerre.
«Le système de santé s’est complètement effondré», a dénoncé mardi le Dr Abu Safiya dans un message vocal adressé aux journalistes. Il a déclaré que les blessés qui arrivent meurent parce qu’il n’y a pas de soins pour eux.
L’armée israélienne a frappé à plusieurs reprises des abris pour personnes déplacées ces derniers mois, affirmant avoir mené des frappes précises visant les militants palestiniens et tenté d’éviter de blesser les civils. Les frappes ont souvent tué des femmes et des enfants.
Le Hezbollah nomme son nouveau chef
Par ailleurs, le groupe militant libanais Hezbollah a confirmé avoir choisi Cheikh Naim Kassem pour succéder à Hassan Nasrallah, son chef qui a été tué dans une frappe aérienne israélienne le mois dernier. Le Hezbollah a juré de poursuivre la politique de Nasrallah «jusqu’à ce que la victoire soit obtenue».
Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué que son Conseil de la Choura, qui prend les décisions, a élu Kassem, qui avait été le chef adjoint de Nasrallah pendant plus de trois décennies, comme nouveau secrétaire général.
Kassem, âgé de 71 ans, membre fondateur du groupe militant créé après l’invasion du Liban par Israël en 1982, en assurait la direction par intérim. Il a prononcé plusieurs discours télévisés promettant que le Hezbollah continuerait à se battre malgré une série de revers.
Le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur Israël, provoquant des représailles, après que l’attaque surprise du Hamas à Gaza le 7 octobre 2023 eut déclenché la guerre. L’Iran, qui soutient les deux groupes, a également échangé des tirs directs avec Israël, en avril, puis à nouveau ce mois-ci.
Les tensions avec le Hezbollah ont débordé en septembre, lorsqu’Israël a déclenché une vague de frappes aériennes lourdes et tué Nasrallah et la plupart de ses commandants supérieurs. Israël a lancé une invasion terrestre au Liban au début du mois d’octobre.
Le Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes sur le nord d’Israël mardi, tuant au moins une personne dans la ville de Maalot-Tarshiha, dans le nord, ont déclaré les autorités.
Des lois israéliennes suscitent des inquiétudes
Israël a fortement restreint l’aide qui est acheminée dans le nord de Gaza dans les dernières semaines.
Les Palestiniens craignent qu’Israël ne mette en œuvre un plan proposé par d’anciens généraux, qui prévoit que la population civile du nord devrait être ordonnée d’évacuer, que l’acheminement d’aide humanitaire devrait cesser et que toute personne refusant de partir devrait être considérée comme un militant.
L’armée a nié avoir mis en œuvre un tel plan, tandis que le gouvernement n’a pas clairement indiqué s’il le mettait en œuvre en tout ou en partie.
Lundi, le parlement israélien a adopté deux lois interdisant à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, de faire ses activités sur le sol israélien et coupant tous les liens entre l’agence et le gouvernement israélien. Israël contrôle l’accès à Gaza et à la Cisjordanie occupée, et on ne sait pas comment l’agence continuera à y opérer.
Israël affirme que l’UNRWA a été infiltrée par le Hamas et que le groupe militant détourne l’aide et utilise les installations de l’ONU pour protéger ses activités. L’agence onusienne a démenti ces allégations.
Les groupes d’aide ont averti qu’il n’y avait pas de remplaçant immédiat à l’UNRWA, qui fournit une éducation, des soins de santé et une aide d’urgence à des millions de réfugiés palestiniens de la guerre de 1948 entourant la création d’Israël et à leurs descendants. Les familles de réfugiés constituent la majorité de la population de Gaza.
«Couper cette bouée de sauvetage à Gaza alors que l’hiver menace d’aggraver une situation déjà désespérée est cruel et dangereux», a mentionné William Bell, responsable du Moyen-Orient de Christian Aid, une organisation caritative britannique.