Des proches aidants réclament une sorte d’alerte Amber pour les adultes vulnérables

TORONTO — Lorsque le fils autiste de 18 ans de Jenny Tozer a disparu pendant plus de deux semaines, elle a commencé à se préparer au pire.

Logan a quitté leur maison à Havelock, en Ontario, au milieu de la nuit, a parcouru 35 km vers le nord à travers des zones boisées et s’est perdu en essayant de rentrer chez lui, a déclaré sa mère.

Il a finalement été retrouvé dans un bâtiment abandonné le 17e jour de sa disparition — «sain et sauf avec seulement trois piqûres de tiques et une aventure à raconter», a déclaré Mme Tozer — mais ce dénouement aurait facilement pu être beaucoup plus funeste, a-t-elle dit.

«J’essayais de comprendre comment j’allais tenir le coup pour tous ses frères et sœurs, parce qu’ils ne comprenaient pas pourquoi il n’était pas à la maison non plus, et ils ne dormaient plus», a raconté Mme Tozer mercredi en conférence de presse.

«Je ne dormais plus. C’était un peu chaotique. C’était quelque chose que personne ne devrait avoir à traverser et je suis juste très, très chanceuse qu’il soit rentré à la maison vivant.»

Mme Tozer ajoute maintenant sa voix aux proches aidants qui demandent au gouvernement ontarien de créer un nouveau type d’alerte, semblable à l’alerte Amber, pour les adultes vulnérables, comme les personnes âgées ou autistes.

Un projet de loi d’initiative parlementaire de la néo-démocrate Monique Taylor à Queen’s Park prévoit un système d’alerte pour les personnes vulnérables, comme les jeunes autistes ou les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs tels que la démence. Mais ce projet de loi est bloqué à l’étape de la commission parlementaire.

Mme Taylor a déposé son projet de loi en mars 2023 et une journée d’audiences publiques a eu lieu un an plus tard, mais il n’a pas encore atteint l’étape suivante, au cours de laquelle une commission parlementaire l’étudie article par article et envisage des amendements.

«Nous sommes ici aujourd’hui pour faire savoir au gouvernement que nous ferons tout ce qu’il faut pour assurer son adoption, qu’il s’agisse de partager le projet de loi avec un député du gouvernement — reprenez le projet de loi à votre compte, adoptez-le, ça n’a aucune importance», a déclaré Mme Taylor mercredi. «Il ne s’agit pas de moi: il s’agit vraiment du projet de loi et de s’assurer qu’il soit adopté.»

«Le pire cauchemar de tout proche aidant»

Le projet de loi s’inspire du sort tragique de Draven Graham, un garçon autiste qui s’est noyé en 2022 après avoir disparu, et de Shirley Love, une vieille dame morte en décembre de la même année après avoir quitté son domicile sans être chaudement habillée pour l’hiver.

Leurs familles soutiennent le projet de loi, tout comme la Coalition ontarienne pour l’autisme.

«Essayez d’imaginer ce que vous ressentiriez si vous perdiez un être cher qui, en raison de son handicap ou de sa déficience cognitive, est incapable de demander de l’aide, de comprendre les enjeux de sécurité et qui ne parviendra souvent pas à retrouver son chemin vers la maison», a argué Kate Dudley-Logue, vice-présidente de la coalition.

«C’est terrifiant, et c’est le pire cauchemar de tout proche aidant. Dans la communauté de l’autisme, nous retenons tous notre souffle et ressentons un stress immense chaque fois que nous entendons des histoires comme celle de Logan, car beaucoup d’entre nous l’ont vécu et connaissent trop bien la possibilité très réelle que leur enfant ne rentre pas à la maison.»

Il existe déjà divers outils utilisés pour retrouver les personnes disparues et tenter de protéger les personnes vulnérables du danger, a déclaré la députée Taylor, mais ce système d’alerte apporterait un outil supplémentaire nécessaire.

Paul Calandra, qui était l’an dernier leader du gouvernement en Chambre, estimait que le projet de loi comportait des lacunes et il souhaitait qu’il soit renvoyé en commission parlementaire. Le bureau de l’actuel leader du gouvernement, Steve Clark, n’a pas immédiatement répondu aux questions sur le projet de loi.