Les autorités cubaines procèdent à des arrestations après des manifestations

Les autorités cubaines ont annoncé dimanche avoir arrêté un certain nombre de personnes pour trouble à l’ordre public, à la suite des manifestations qui ont éclaté ces dernières semaines contre les coupures de courant qui ont duré plusieurs jours.

Le bureau du procureur général de Cuba a annoncé avoir lancé des poursuites pénales contre des personnes à La Havane, la capitale du pays, dans la province de Mayabeque et dans la ville de Ciego de Ávila pour «agression, trouble à l’ordre public et dommages», les emprisonnant à titre préventif.

Le communiqué ne fournit pas de détails sur le nombre de personnes détenues ni sur les conditions dans lesquelles elles ont été arrêtées, précisant seulement que «l’agression envers les autorités» a entraîné des blessures.

Cuba porte souvent de telles accusations contre des citoyens qui manifestent sur l’île, y compris des adolescents, ce qui alimente les inquiétudes des groupes de défense des droits de la personne, de l’Union européenne et des États-Unis.

Le jour même où les autorités cubaines ont annoncé les arrestations, l’organisation Justicia11J a publié sur les réseaux sociaux un message confirmant que les autorités avaient arrêté au moins trois personnes qui manifestaient à Ciego de Ávila le 7 novembre.

«Après que la ville ait été privée d’électricité pendant plus de 24 heures, les habitants de la ville sont descendus dans la rue en tapant sur des bouilloires et en scandant “allumez le courant”», a écrit l’organisation dans sa publication.

Les arrestations surviennent après que l’île a été frappée par deux ouragans en quelques semaines, aggravés par des coupures de courant qui ont parfois duré plusieurs jours en raison de la crise énergétique du pays et des vents violents provoqués par les ouragans.

L’ouragan de catégorie 3 Rafael s’est abattu sur la moitié ouest de l’île, mettant à mal l’ensemble du réseau électrique du pays. Si les autorités ont pu rétablir une partie du courant dans les centres urbains, comme La Havane, de nombreux habitants de l’île sont toujours privés d’électricité et d’eau courante.

Un tremblement de terre de magnitude 6,8 survenu dimanche matin dans l’est de Cuba n’a fait qu’aggraver les malheurs du pays.

En plus des catastrophes naturelles, les frustrations sur l’île se sont intensifiées en raison d’une crise économique ainsi que de la flambée des prix de l’essence et de la nourriture, obligeant les Cubains moyens à se démener pour acheter des produits de première nécessité.

Ces problèmes ont poussé des centaines de milliers de Cubains à quitter le pays ces dernières années et ont également alimenté les protestations, qui ont été accueillies par des mesures de répression similaires de la part du gouvernement cubain.

En juillet 2021, les pénuries alimentaires ont déclenché des manifestations antigouvernementales de masse, les plus importantes depuis des décennies. Ces manifestations, qui ont été marquées par quelques cas de pillages et de violences de la part des manifestants, ont été sévèrement réprimées par le gouvernement cubain.

Bien qu’aucun chiffre officiel n’ait été fourni, des groupes de surveillance non gouvernementaux ont signalé qu’environ 1000 personnes ont été arrêtées, dont 700 ont dû comparaître devant un tribunal. De nombreux manifestants ont été accusés de sabotage, de vol avec violence, d’agression et de troubles à l’ordre public, bien que de nombreux membres des familles des personnes arrêtées insistent sur le fait que leurs enfants n’étaient impliqués dans aucun crime violent.

Les protestations ont été suivies de manifestations de moindre ampleur en octobre 2022, puis en mars cette année.