Guilbeault veut un plafond sur les émissions malgré la réélection de Trump

MONTRÉAL — Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’inscrit en faux contre les commentaires de son ancien collègue Bill Morneau, qui a remis en question l’intention du gouvernement d’imposer un plafond sur les émissions du secteur des énergies fossiles, dans la foulée de l’élection de Donald Trump.

Lors d’une conférence de presse téléphonique depuis l’Azerbaïdjan où il participe à la COP29 sur le climat, le ministre Guilbeault s’est dit «en désaccord» avec l’ancien ministre des Finances Bill Morneau.

«Le moment pour lutter contre les changements climatiques, c’est maintenant. Ce n’est pas demain, ce n’est pas après-demain. Les impacts des changements climatiques n’attendront pas. En réalité, plus on attend, plus les Canadiens et les personnes à travers le monde vont supporter le poids des impacts du climat.»

Steven Guilbeault réagissait ainsi aux commentaires de son ancien collègue qui croit que le gouvernement libéral devrait réévaluer le calendrier de certaines politiques climatiques, comme le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, afin de mieux s’aligner sur la vision de Donald Trump.

«Je me demande si le fait de plafonner les émissions en ce moment est le bon moment», a déclaré Bill Morneau dans une entrevue diffusée dimanche à l’émission Question Period sur les ondes de CTV. L’ancien ministre des Finances a ajouté qu’il serait «très prudent» en réfléchissant au plafonnement des émissions, compte tenu du «contexte de la relation nord-américaine plus large».

Les producteurs de pétrole et de gaz au Canada devront réduire, entre 2030 et 2032, leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35 % par rapport au niveau de 2019, selon un projet de réglementation présenté par le ministre de l’Environnement au début du mois.

Lorsqu’il a été questionné sur les commentaires de son ancien collègue, le ministre Guilbeault a rappelé que «ce n’est pas la première administration américaine avec laquelle nos points de vue diffèrent sur les changements climatiques et, dans le passé, ces différences ne nous avaient pas empêchés de mettre en place des politiques climatiques ambitieuses».

La lutte aux changements climatiques concerne «l’environnement, les droits de la personne, mais aussi l’économie» et «il y a une course mondiale pour attirer les investissements, les entreprises qui permettront de construire le 21e siècle», a indiqué Steven Guilbeault mardi midi.

«Mais c’est aussi une question de sécurité. Si vous n’avez pas de plan de lutte contre les changements climatiques, vous n’avez pas de plan de sécurité, que ce soit la sécurité intérieure ou la sécurité énergétique, alors nous allons continuer d’être guidés par ces principes et continuer de développer nos plans climatiques», a-t-il ajouté.

Donald Trump a souvent indiqué publiquement qu’il ne pouvait pas dire si les humains étaient responsables des changements climatiques.

Il a également déjà déclaré que «le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre l’industrie manufacturière américaine non compétitive».

Le républicain avait, lors de son premier mandat, retiré son pays de l’accord de Paris et il a signalé son intention de le faire de nouveau.

GAIA: une nouvelle plateforme de financement

Le ministre Guilbeault a par ailleurs annoncé, mardi, le lancement d’une nouvelle plateforme de financement de la lutte contre les changements climatiques dirigée par le Canada, appelée GAIA.

«Cofondée par FinDev Canada en partenariat avec Mitsubishi Financial Group, avec un investissement clé du Fonds vert pour le climat, GAIA réunit des capitaux et de l’expertise publics et privés fort nécessaires pour agir différemment en matière de financement climatique», peut-on lire dans un communiqué publié par Environnement et Changement climatique Canada.

Cette «plateforme de financement mixte novatrice de 1,48 milliard de dollars américains» vise à «accroître la disponibilité du financement pour le climat afin de soutenir des projets d’action climatique à fort impact dans quelque 25 marchés émergents et économies en développement».

Le communiqué du gouvernement souligne également que 70 % des fonds de la plateforme «serviront à soutenir des projets d’adaptation, et 25 % seront investis dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés».