Des tours de télécommunication controversées à Bromont
Les citoyens de Bromont ont eu la surprise d’observer l’apparition de deux nouvelles tours de télécommunication la semaine dernière, dont une au sommet de la montagne. Ces nouvelles infrastructures de la compagnie Vidéotron suscitent plusieurs questions de la part d’un concurrent local, l’entreprise Techcom – Itéract.
La publication d’un avis public en avril dernier, concernant l’installation de deux nouvelles tours de télécommunication à Bromont, avait soulevé un léger vent d’opposition. Des citoyens avaient signé une pétition pour s’y opposer et une entreprise locale propriétaire de tours déjà installées dans la région contestait la nécessité de nouvelles infrastructures.
Selon la loi fédérale qui régit les pratiques de l’industrie des télécommunications, une entreprise qui souhaite installer une nouvelle tour doit faire la démonstration qu’elle est incapable d’utiliser celles déjà existantes. Industrie Canada impose cette pratique qui force les entreprises à partager l’espace sur les pylônes, afin d’éviter la multiplication des antennes.
Techcom – Itéract, propriétaire de la tour déjà présente sur le sommet de la montagne de Bromont, soutient que Vidéotron n’a pas respecté cette disposition de la loi.
«Nous, on n’a jamais été approchés par Vidéotron. Je leur ai demandé envoyez-nous les spec de ce que vous avez besoin d’installer comme équipement, mais je n’ai jamais eu de réponse», révèle le vice-président de Techcom – Itéract, Lee Patterson.
L’entreprise établie à Lac-Brome est propriétaire et gestionnaire d’une vingtaine de tours au Québec. Elle est présente dans l’industrie depuis une trentaine d’années et a déjà fait affaire avec Vidéotron dans le passé. «Ils nous connaissent, ils sont locataires sur nos tours de Rougemont et Rigaud», mentionne le président de Techcom – Itéract, Richard Labbé.
Pour M. Labbé, l’arrivée impromptue d’un nouveau joueur est «un non-sens» face à la réglementation fédérale qui vise clairement à éviter la surpopulation de tours de télécommunication. «On se retrouve avec cinq tours dans un rayon de cinq kilomètres», dénonce l’homme d’affaires qui n’entend pas lâcher le morceau.
Dans un échange de courriels, Lee Patterson écrit qu’un représentant d’Industrie Canada, Dave Parcinio, lui a mentionné que Vidéotron avait fourni une étude d’ingénierie qui démontre l’impossibilité d’installer leur équipement dans la tour de Techcom. Pourtant, Vidéotron n’est jamais entrée en contact avec Techcom, soutient M. Patterson.
GranbyExpress.com a tenté d’éclaircir la situation auprès de Dave Parcinio pour obtenir la position d’Industrie Canada, mais celui-ci n’a pas retourné nos appels. Du côté de Vidéotron, les seuls commentaires obtenus se résument à un bref courriel où l’entreprise dit avoir respecté la réglementation et les normes d’usage.
Youann Blouin, le relationniste qui signe le courriel, écrit «qu’avant d’envisager la construction d’une nouvelle tour, nous avons soigneusement répertorié les différentes structures existantes sur le territoire et avons évalué toutes les possibilités».
Bromont appuie le projet
Malgré la pétition signée par des citoyens, la Ville de Bromont a accordé son appui au projet dès le début par voie de résolution. Dans le procès-verbal de la séance du 2 avril dernier, on peut lire que «Vidéotron désire installer trois tours permanentes de plus de 40 mètres à certains endroits déterminés dont deux sont situés sur le territoire bromontois».
L’entreprise souhaite par ces nouveaux équipements «déployer son réseau 3G pour desservir une partie de la population des environs, notamment les usagers de l’autoroute 10», apprend-on dans la résolution.
Toujours selon le procès-verbal, Vidéotron aurait formulé le désir d’obtenir une autorisation de la municipalité, même si celle-ci n’a aucun pouvoir sur l’installation d’antennes de télécommunication. Cette industrie et ses pratiques sont encadrées par la loi fédérale.
La conseillère Marie-Ève Lagacé et le conseiller Réal Brunelle ont fait adopter la proposition. Dans le libellé, on indique que Bromont a négocié «l’hébergement gratuit des équipements municipaux de communications et d’urgence sur la tour située sur le mont Brome.