À la retraite… à 84 ans!
LAC-BROME. La retraite à 65 ans? C’était hors de question pour une résidente de Knowlton. Frances Kirby vient de tirer sa révérence à l’âge vénérable de… 84 ans, après 51 ans passés au même endroit. Elle était, jusqu’à la fin juin, à l’emploi de KDC Knowlton, anciennement connue comme Les Emballages Knowlton (LEK).
«Pour moi, prendre sa retraite à cet âge, ce n’est rien d’anormal!» laisse d’abord entendre la principale intéressée, intriguée par la demande d’entrevue du Journal Le Guide.
Frances Kirby a mis un terme à ce demi-siècle de travail le 23 juin dernier. Plusieurs de ses collègues, dont certains qui n’étaient même pas nés lors de son embauche, se sont réunis dans la cafétéria de l’entreprise pour lui lancer des fleurs. L’employée du jour dit avoir été touchée par cette déferlante d’amour.
Pour elle, son travail représentait bien plus que les tâches à accomplir —des bouteilles de produits de soins personnels à mettre en boîte, des bouchons à installer, des autocollants à apposer. «Pour moi me rendre chaque jour chez LEK, ce fut un plaisir, ce n’était pas du travail. Les gens vont me manquer, mais d’être sur les chaînes de montage, c’est ça que j’aimais. Le matin, ce n’était pas un problème de me lever, de m’habiller et d’aller travailler à pied, intempéries ou pas», évoque-t-elle.
Son assiduité et sa résistance ont toujours impressionné ses collègues et ses supérieurs. «Elle était toujours à l’heure et ne manquait jamais de journée de travail», laisse savoir Alain Mailhot, le directeur des ressources humaines de l’entreprise du chemin Knowlton.
Lorsque les chaînes de montage se figeaient, devant le choix de rester pour effectuer d’autres tâches ou de rentrer à la maison, la question ne se posait pas longtemps dans son esprit. «Je préférais toujours rester!»
À la marche
La native de Sutton Junction, fille d’un agriculteur, n’a jamais reculé devant le travail physique, que ce soit de faire les foins, travailler dans le bois, etc. «Je suis toujours restée active, j’aimais travailler fort. J’aimais mieux le travail à l’extérieur que d’être dans une maison. Si je pouvais encore le faire, je le ferais», se remémore-t-elle.
Malgré toutes les heures passées debout sur les chaînes de montage, Frances Kirby enfile quotidiennement ses 5 km de marche, son «tour du carré». «C’est l’une des choses qui me garde en forme!», explique-t-elle, l’œil vif.
«Vous allez vous ennuyer, la patronne est partie!»
Passer un demi-siècle au même endroit relève sans doute de l’exploit pour la plupart. La résidente de Knowlton affirme avoir toujours accordé la plus haute importance au travail d’équipe. «C’était plus facile d’arriver à de bons résultats en travaillant ensemble.»
Si elle se décrit comme quelqu’un souhaitant rendre les choses plus faciles autour d’elle, les conseils donnés par la dame à ses collègues plus jeunes n’ont pas toujours été accueillis dans la joie et l’allégresse. «Certains jeunes arrivaient, croyant tout connaître. Oui j’étais un peu autoritaire, mais c’était pour les aider. J’ai toujours été plus attentive qu’eux», glisse-t-elle, sourire en coin.
Après un mois loin du travail, l’octogénaire avoue que sa routine sur les chaînes de montage lui manque parfois en se levant le matin. «Je nettoie dans la maison, je fais pousser quelques légumes, je me promène dans les villages autour.» Elle dit malgré tout trouver une certaine sérénité dans ce passage vers cette nouvelle réalité. «Il faut oublier le passé et regarder vers l’avant.»