L’histoire écrite dans nos cimetières
PATRIMOINE. «D’où venons-nous?» Une partie de la réponse à cette grande question à laquelle les historiens tentent continuellement de répondre se trouve dans nos cimetières. Une mine d’information et un legs patrimonial que la Société d’histoire de Missisquoi s’efforce de conserver.
Selon sa politique, la Société d’histoire de Missisquoi prend en charge la conservation des cimetières lorsqu’il est démontré qu’ils sont abandonnés depuis au moins 50 ans. Les pierres présentes sur ces sites témoignent de l’arrivée des premiers pionniers de Brome-Missisquoi.
Par exemple, on retrouve le cimetière familial des Selby à Dunham. Jonathan Selby, son épouse Hannah et leurs huit enfants se sont installés sur les rives du lac qui porte aujourd’hui leur nom. Thomas Selby, l’héritier de la ferme a occupé le siège de maire dans les années 1860.
Derrière l’église anglicane de Frelighsburg, le nom du capitaine Asa Westover retient l’attention. Membre des <I>Red Sashes<I>, la milice de défense régionale, il a participé à la défense du territoire face à la tentative d’invasion des Fenians (groupe armé formé de rebelles irlandais venus des États-Unis) en 1866.
D’ailleurs, la seule victime connue de ces affrontements est une civile du nom de Margaret Vincent. Toujours selon les documents de la Société d’histoire Missisquoi, elle aurait été abattue par erreur par les Red Sashes. Une pierre à son nom est toujours visible dans le secteur Pigeon Hill à St-Armand.
Toujours à St-Armand, le cimetière Luke cache aussi le lieu d’inhumation des esclaves noirs venus des États-Unis avec leurs maîtres loyalistes. Longtemps appelé Nigger rock, le site est aujourd’hui identifié comme le Cimetière des esclaves.
Tout près, du côté du secteur Philipsburg, on retrouve notamment le monument en l’honneur du lieutenant Christian Wehr, un important Loyaliste.
Deux premiers ministres
La moitié Est de Brome-Missisquoi a la particularité de compter deux sépultures de premiers ministres du Québec sur son territoire. Adélard Godbout, ministre de l’Agriculture (1930-1936) sous Louis-Alexandre Taschereau, lui succède à la tête de la province en juin 1936.
Battus par l’Union nationale de Maurice Duplessis, le Parti libéral et lui sont de retour au pouvoir de 1939 à 1944. Il fut plus tard nommé sénateur, poste qu’il a conservé jusqu’à son décès en 1956. Sa dépouille repose au cimetière de Frelighsburg, où l’on retrouve un imposant monument et un buste à son image.
Quelques années plus tard, l’Union nationale regagne la majorité avec Daniel Johnson à sa tête. Alors ministre de l’Éducation et de la Justice, Jean-Jacques Bertrand est désigné comme successeur lorsque Daniel Johnson décède subitement.
Avocat de formation, Jean-Jacques Bertrand va occuper le siège de premier ministre durant 19 mois. Son gouvernement a été défait à l’élection de 1970 par les libéraux de Robert Bourassa.
Décédé en 1973, il a été enterré au cimetière Ste-Rose-de-Lima à Cowansville.
18 cimetières protégés
La Société d’histoire de Missisquoi a pris en charge l’entretien et la conservation de 18 lieux de sépulture abandonnés dans la région. Des documents d’information sur les familles et les personnalités qui s’y trouvent sont d’ailleurs disponibles au Musée Missisquoi de Stanbridge East.
– Dunham (8): Bates, Capron, Fitchette, Hazard, Meller, Selby, Westover, Wing.
– St-Armand (4): Hastings, Krans, Luke, Russell.
– Frelighsburg (3): Barnes, Deming, Smith.
– Stanbridge East (2): Chandler et Stanton.
– Bedford: Basswood.
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