Un rendez-vous rassembleur à Sutton
SUTTON. La petite église Saint-André était bondée, dans le cadre d’une assemblée publique de consultation sur les changements aux règlements de zonage et de lotissement que souhaite apporter l’administration Dandenault, samedi dernier. Près de 300 citoyens, selon les estimations, ont répondu présents à ce deuxième rendez-vous.
Le premier, dans la dernière semaine de mars à la salle du conseil de l’hôtel de ville, avait été suspendu faute d’espace. Samedi, entre les murs du lieu sacré, les échanges sont demeurés respectueux.
«Le plan d’urbanisme [adopté en 2010] ne sera pas changé. Les modifications proposées sont conformes à celui-ci. Les gens ont fait de l’excellent travail, le plan est bien réfléchi. Il sert de phare pour beaucoup de municipalités à travers le Québec», réitérait en ouverture le maire de Sutton Louis Dandenault.
«Par contre, après plusieurs réflexions et après avoir consulté plusieurs personnes, nous croyons qu’il est temps de revoir certaines dispositions de ces règles», a-t-il poursuivi.
Parmi le lot de mesures envisagées par Sutton, notons l’élimination de la longueur maximale permise d’une entrée de cour, qui était auparavant limitée à 100 m. La pente maximale d’une entrée de cour passerait de 12 à 15 %. Certaines normes de lotissement seraient également réduites de moitié. Ce serait le cas notamment en zone de protection d’altitude moyenne (PAM), soit au-dessus de 350 m, où la taille minimale des lots serait abaissée à deux hectares. Une dizaine de ces zones sont concernées par les changements.
Les modifications des règles de lotissement devraient, plaident les élus municipaux, permettre à de nouvelles familles de venir s’établir plus facilement à Sutton, contribuant au bon développement de la ville.
Les élus souhaitent autoriser les logements dans les bâtiments secondaires, qu’ils soient offerts en location ou à des invités, de même que dans les sous-sols, et ce, dans toutes les zones.
Petits commerces
Ils veulent dans un même élan autoriser l’implantation de microentreprises (5 employés ou moins) ou de commerces domestiques sur les terrains résidentiels ou des bâtiments secondaires. «Nous avons de grands terrains, donc nous devons en profiter et permettre à ces petites entreprises de s’établir, avec l’espoir de les voir peut-être un jour s’implanter à plus grande échelle chez nous», faisait valoir Réal Girard, directeur du service d’urbanisme.
En désaccord
Plusieurs des citoyens qui ont pris le micro n’ont pas hésité à remettre en doute l’accessibilité aux jeunes familles. «Je ne suis pas certaine que les jeunes familles seront en mesure de se payer des terrains à ce prix-là», s’interrogeait entre autres Louise Comtois.
«Tout le monde est d’accord avec le fait de favoriser l’accès à la propriété, mais je suis persuadée que vous ne prenez pas les bonnes dispositions pour le faire», a de son côté laissé entendre Catherine Zellweger.
Un seul registre?
Le moyen envisagé pour consulter la population en agace visiblement plus d’un, si le conseil décide d’aller de l’avant. La loi permet à la Ville de tenir plusieurs registres, où les contribuables concernés et ceux se trouvant en zone attenante seraient habiles à voter. Les consultations pourraient se multiplier et, bien que les élus n’aient pas voulu en dévoiler le nombre exact, certains avancent qu’il pourrait y en avoir jusqu’à une quinzaine.
Plusieurs ont exprimé leur opposition quant à cette option, jugeant qu’elle générera une moins grande participation. Au lieu de la consultation zone par zone, on sollicite plutôt la mise en place d’un seul et même registre pour l’ensemble des changements proposés.
Une pétition et deux mémoires
Dominique Parent, ancienne conseillère et représentante d’un comité de citoyens qui, à cause des changements envisagés, craint l’étalement et la fragmentation des milieux naturels, a dit s’inquiéter que les modifications aient un impact plus grand autour du noyau villageois, sans nécessairement bénéficier à celui-ci.
Elle en profitait pour déposer une pétition réclamant aux autorités municipales de mettre un frein à leurs démarches, et d’attendre en lieu et place la révision quinquennale du plan et des règlements d’urbanisme, que la loi autorise à compter du 8 mars 2016. Le document a récolté un peu plus de 500 signatures.
Deux mémoires ont également été soumis lors de la réunion. Le premier est issu de ce même comité de citoyens. Ces derniers y détaillent les raisons selon lesquelles ces projets de règlements leur paraissent immoraux et contraires à l’intérêt de Sutton, et le second porte sur le contrôle de l’érosion.