L’agrile du frêne gagne du terrain

ENVIRONNEMENT. L’agrile du frêne, insecte ravageur qui s’attaque à cet arbre très commun au Québec, poursuit sa progression. Brome-Missisquoi n’échappe pas à ce phénomène.

Le Groupement forestier de l’industrie a produit une carte dans laquelle il a séparé la région en trois sections, une où l’épidémie est considérée sévère, une avancée et l’autre en début d’épidémie.

« Il n’y a pas de secteur du sud de l’Estrie où on ne retrouve pas d’agrile du frêne, affirme l’ingénieur forestier du Groupement, Simon Choinière. Dans Brome-Missisquoi, il y a deux modes de propagation principaux, soit des villes vers les boisés et directement dans les boisés où l’insecte s’y reproduit et infeste d’autres arbres. C’est le cas surtout dans les secteurs de Saint-Armand, de Farnham, d’une partie de Dunham et de la moitié de Frelighsburg. »

L’agrile est apparu au Michigan et dans le sud de l’Ontario au début des années 2000. L’insecte s’est propagé tout d’abord aux secteurs plus urbains via le bois de chauffage.

Le frêne résiste très mal à l’insecte.

« On constate 99 % de mortalité chez les frênes, ajoute M. Choinière. Dans des études, on parle d’extinction possible de l’espèce. On a plusieurs espèces de frêne sur le territoire et elles sont toutes affectées. »

ÉPIDÉMIE

Dans Brome-Missisquoi, la partie plus à l’ouest est considérée comme vivant une épidémie sévère.

Le Groupement décrit cette catégorisation par le fait que 50 % des arbres sont déjà morts, plus de 95 % sont infestées et des pertes de bois sont constatées.

« Souvent, tout le haut des arbres ne peut pas être récupéré au niveau du bois, note M. Choinière. Il y a également des pertes de temps, parce que manoeuvrer avec ces arbres-là qui sont morts ou près de l’être est très dangereux pour les travailleurs. L’abattage est beaucoup plus long et, donc, plus dispendieux. »

Pour le secteur d’épidémie avancée, plus de 50 % des arbres sont infestés et la mortalité commence à s’installer. Il y a toutefois une bonne possibilité de récupération du bois.

Quant au secteur en début d’épidémie, de la récolte préventive se fait, permettant de réduire la quantité de frênes dans les boisés.

SYMPTÔMES

Quelques signes avant-coureurs peuvent permettre d’identifier que l’insecte s’est installé dans un frêne.

« Le premier symptôme qui indique que l’agrile est dans l’arbre, c’est qu’il y a descente de la cime, explique M. Choinière. Les feuilles en haut vont être plus clairsemées. On peut aussi voir une production beaucoup plus importante de semences, des samares plus longues que celles des érables. Après deux ans, on voit des branches plus basses apparaître. On commence aussi à ce moment à voir des attaques d’animaux, comme des pics-bois et des écureuils qui vont arracher des lambeaux d’écorce. Ensuite, les années quatre et cinq, c’est la mort de l’arbre avec du décollement d’écorce à grande échelle, le pied va avoir des rejets. »

COUPE

Plus l’infestation est avancée, plus la qualité du bois va en souffrir.

« À partir du moment où l’arbre est considéré comme mort, souvent quatre ans après l’infestation, il reste peut-être un an pour récupérer du bois de cet arbre-là, mais on remarque des pertes importantes au niveau de la qualité, soutient M. Choinière. Une personne peut avoir un bon prix pour la vente de son bois de frêne, mais si l’arbre est complètement mort, le bois va être déclassé, donc, d’une valeur inférieure. »

« Dans la partie épidémie sévère, ça peut devenir coûteux de faire l’entretien et la coupe des frênes parce que le bois n’a plus de valeur, poursuit-il. À l’échelle d’un boisé, normalement, en faisant de la coupe sélective, on finit avec un revenu. Dans des secteurs où les frênes sont endommagés, ça peut devenir un coût pour les propriétaires. »

M. Choinière invite la population à s’informer sur les différentes réglementations municipales en lien avec l’abattage d’arbres avant de procéder à des coupes.

Le Groupement forestier des Cantons offre des services aux propriétaires de terrains boisés de plus de quatre hectares dans la région, entre autres, de récupération du bois de frêne.