Le milieu communautaire tire la sonnette d’alarme
SOCIÉTÉ. Détresse sociale, crise du logement, augmentation de l’itinérance et financement : des intervenants du milieu communautaire se sont réunis lundi afin d’interpeller les décideurs et les inciter à en faire plus pour dénouer l’impasse.
Les organismes communautaires ont noté une hausse fulgurante de la demande dans divers domaines au cours de la dernière année.
« On observe une augmentation des inégalités sociales en général dans la société depuis plusieurs années et c’est un effet du désinvestissement des politiques publiques, a déclaré le directeur général de la Corporation de développement communautaire de Brome-Missisquoi, Nicolas Gauthier. C’est une tendance des gouvernements à privilégier un mode de développement plus économique et de délaisser le filet social. Ça se reflète dans un sous-investissement des services publics qui crée des tensions, des disparitions, des problèmes sociaux. »
Les organismes réclament un meilleur financement afin qu’ils puissent répondre aux besoins de la population, entre autres, via du financement récurrent.
Ils ont également demandé des actions concrètes pour lutter contre la pauvreté.
« En 2023, pour Brome-Missisquoi, la CDC avait chiffré le manque à gagner dans le communautaire à 6 M$, a indiqué le directeur d’Entrée chez soi Brome-Missisquoi, Cédric Champagne. En 2024, le Regroupement des organismes communautaires de l’Estrie avait chiffré ça à 58 M$ pour la région au complet. Il faut agir en action et de mieux financer le communautaire parce que nous sommes un acteur qui peut tenter de calmer cette crise-là afin d’éviter les débordements. On ne pourra pas continuer comme ça, il va falloir investir en prévention avec un vrai quatrième plan de lutte contre la pauvreté. »
« On l’attend, le quatrième plan de lutte contre la pauvreté, a ajouté la coordonnatrice chez Action Plus Brome-Missisquoi. Le troisième n’était pas suffisant. Les trois derniers ont échoué. On veut un plan de lutte qui répond aux besoins. La ministre Chantal Rouleau n’arrête pas de dire qu’elle a hâte que nous voyions le plan. On a hâte nous aussi. On va être critiques. C’est censé être ça qui va répondre à la crise sociale. »
« Il y a beaucoup d’écoute de la part des décideurs, mais est-ce qu’on est entendu ? Se questionne M. Champagne. On se fait souvent dire que le dossier avance, mais on ne voit rien qui bouge malgré toutes les manifestations qu’on a pu faire, malgré toutes les prises de parole publiques qui ont été faites. Ce n’est pas nouveau qu’on parle de la crise du logement dans Brome-Missisquoi. »
CHIFFRES INQUIÉTANTS
La Cellule Jeunes et familles a noté un total de 82 personnes différentes en situation d’itinérance qui ont nécessité ses services dans la dernière année.
« L’an passé, au moment, il y avait une vingtaine de personnes qui vivaient en situation d’itinérance, a rappelé la coordonnatrice de la Cellule, Annie Boulanger. On est surchargés par les demandes. C’est inquiétant parce que la détresse est de plus en plus visible. »
« L’itinérance n’est plus juste à Sherbrooke en Estrie, elle se trouve dans le territoire de Brome-Missisquoi, a commenté le fiduciaire du projet halte-chaleur en itinérance, Jean-François Pomerleau. Il faut être capable de développer des services en conséquence pour répondre à notre population. Ça ne s’en va pas en diminuant. Il va falloir des renforcements à tous les niveaux pour redonner un équilibre à notre société. »
Chez Entrée chez soi, le mois de mai 2024 a compté quatre fois les demandes de mai 2022 et mai 2023 réunis.
« À l’ACEF, on a vu plusieurs situations dans Brome-Missisquoi, a relaté la conseillère budgétaire de l’ACEF Montérégie-Est, Julie Coderre. On a eu quelques appels concernant des reprises de logement, dont un monsieur qui est handicapé, mais heureusement la reprise a échoué. Depuis janvier 2024, on a eu 17 locataires qu’on a accompagnés dans différentes démarches légales envers un propriétaire. Ça ne tient pas compte des nombreux appels de gens qui ont des questions sur leurs démarches. »