Des frappes israéliennes tuent 38 personnes à Gaza et trois journalistes au Liban
Des frappes israéliennes ont tué 38 personnes à Gaza et trois journalistes au Liban, vendredi, alors que les inquiétudes concernant les pénuries d’approvisionnement à Gaza et la pression internationale pour un cessez-le-feu s’intensifient.
Les décès signalés par les responsables de la santé de Gaza sont les derniers à survenir dans la ville de Khan Younis, dans le sud de Gaza, où les gens ont fait la queue ces derniers jours pour acheter du pain devant la seule boulangerie toujours ouverte.
Vendredi également, une frappe aérienne israélienne sur un complexe abritant des journalistes dans le sud-est du Liban a tué trois membres du personnel des médias. À l’extérieur des bâtiments loués par divers médias, qui se sont effondrés, des voitures identifiées «PRESS» ont été recouvertes de poussière et de décombres après la frappe, selon des photos de l’Associated Press.
L’armée israélienne n’a pas diffusé d’avertissement avant la frappe. Des représentants des chaînes d’information et des politiciens libanais ont accusé Israël de crimes de guerre et de viser intentionnellement les journalistes.
«Il s’agissait simplement de journalistes qui dormaient dans leur lit après de longues journées passées à couvrir le conflit», a dénoncé Imran Khan, un correspondant principal d’Al-Jazeera English qui se trouvait parmi les journalistes présents dans le complexe.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il a confirmé que son équipe et lui étaient indemnes.
La chaîne de télévision panarabe Al-Mayadeen, établie à Beyrouth, a annoncé que deux de ses collaborateurs — le caméraman Ghassan Najar et le technicien de diffusion Mohammed Rida — faisaient partie des victimes. La chaîne de télévision Al-Manar, du groupe libanais Hezbollah, a indiqué que son caméraman Wissam Qassim avait également été tué lors de la frappe aérienne, qui a eu lieu dans la région de Hasbaya.
Le directeur d’Al-Mayadeen, Ghassan ben Jiddo, a affirmé que la frappe israélienne sur un complexe abritant des journalistes était intentionnelle et dirigée contre ceux qui couvraient les éléments de son offensive militaire. Il a promis que la chaîne poursuivrait son travail.
Le ministre libanais de l’Information, Ziad Makary, a déclaré que les journalistes avaient été tués alors qu’ils couvraient ce qu’il a appelé les crimes d’Israël.
«Il s’agit d’un assassinat, après surveillance et traque, avec préméditation et planification, car 18 journalistes étaient présents sur les lieux et représentaient sept institutions médiatiques», a-t-il écrit dans un message sur X.
L’armée israélienne n’a pas immédiatement commenté la frappe.
Des frappes dénoncées
La région de Hasbaya a été épargnée par une grande partie des violences le long de la frontière et de nombreux journalistes qui y séjournent actuellement ont quitté la ville voisine de Marjayoun, qui a été soumise à des frappes sporadiques ces dernières semaines.
Plus tôt cette semaine, une frappe a touché un bureau appartenant à Al-Mayadeen à la périphérie de la banlieue sud de Beyrouth, selon le ministère libanais de la Santé.
Le ministre libanais de la Santé a fait savoir vendredi que 11 journalistes ont été tués et que huit autres ont été blessés depuis le début des échanges de tirs le long de la frontière entre le Liban et Israël, en octobre 2023.
En novembre 2023, deux journalistes de la chaîne de télévision Al-Mayadeen ont été tués dans une frappe de drone. Un mois plus tôt, des bombardements israéliens dans le sud du Liban avaient tué Issam Abdallah, un vidéographe de Reuters, et blessé d’autres journalistes de l’Agence France-Presse et de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera.
L’assassinat de journalistes a provoqué un tollé international de la part de groupes de défense de la presse et d’experts des Nations unies, même si Israël a soutenu ne pas les cibler délibérément.
Jeudi, le Comité pour la protection des journalistes a rapporté avoir dénombré 128 journalistes tués à Gaza depuis le début de la guerre.
Israël a accusé les journalistes travaillant pour Al-Jazeera d’être membres de groupes militants, citant des documents qu’il aurait trouvés à Gaza. La chaîne a nié ces accusations, les qualifiant de «tentative flagrante de faire taire les quelques journalistes restants dans la région».
Le Comité pour la protection des journalistes les a également rejetées, déclarant qu’«Israël a fait à plusieurs reprises des allégations similaires sans fournir de preuves crédibles».