Chefferie du PLQ: Pablo Rodriguez revient «aux sources» de son engagement politique

GATINEAU — Le député libéral fédéral d’Honoré-Mercier, Pablo Rodriguez, confirme qu’il quitte ses fonctions de ministre et de lieutenant du Québec pour briguer la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ). Il continuera de siéger au Parlement à Ottawa jusqu’en janvier comme député indépendant, disant vouloir éviter le déclenchement d’une «coûteuse» élection partielle.

«Il est temps pour moi de revenir aux sources de mon engagement politique. Je me lance donc dans la course à la chefferie du PLQ, là où tout a commencé pour moi», a-t-il lancé en point de presse jeudi matin à Gatineau, devant une statue de la légende du hockey Maurice Richard.

Il promet de présenter au cours des prochains mois sa propre vision, avouant avoir mené «des batailles à l’interne» au sein du gouvernement de Justin Trudeau. «J’en ai gagné et j’en ai perdu, mais en bout de ligne on est loyal lorsqu’on fait partie d’un gouvernement.»

M. Rodriguez n’a pas voulu fournir plus de détails, justifiant son mutisme par la peur de trahir des confidences du cabinet. D’ailleurs, l’aspirant-chef du PLQ est demeuré évasif quand plusieurs journalistes l’ont tout à tour invité à clarifier ses positions sur la laïcité de l’État au Québec, sur une éventuelle révision des niveaux d’immigration du Canada et sur la rigueur budgétaire.

«On va en débattre de la question des finances publiques. Une saine gestion des finances publiques, c’est absolument essentiel. D’ailleurs, c’est la marque de commerce du Parti libéral du Québec», a-t-il dit. Il n’a pas directement répondu à une question l’appelant à préciser en quoi il sera crédible sur ces questions considérant que le gouvernement Trudeau dont il faisait partie a cumulé les déficits année après année.

Depuis plusieurs semaines, les rumeurs allaient bon train quant à un éventuel saut de M. Rodriguez dans l’arène politique provinciale. La nouvelle a fuité mercredi dans les médias, y compris La Presse Canadienne. M. Rodriguez a indiqué que sa décision avait été prise «il y a un bon bout de temps».

Questionné à savoir si sa candidature ne confirmait pas que le PLQ allait devenir une succursale du Parti libéral du Canada (PLC), M. Rodriguez a répondu que «le PLQ est le PLQ».

«C’est le plus grand parti de l’histoire du Québec. Un parti pour lequel j’ai milité dans le passé. (…) C’est le parti où on peut se dire d’être extrêmement fier d’être Québécois et en même temps d’appartenir de l’ensemble canadien», a-t-il dit.

M. Rodriguez a aussi dit vouloir devenir chef du PLQ pour contrer la menace d’un troisième référendum sur la souveraineté du Québec que pose le Parti québécois. «Le Canada sans le Québec est complètement dénaturé», a-t-il déclaré non sans rappeler avoir milité dans le camp du «Non» en 1995.

Le ministre fédéral des Transports démissionnaire annonce son départ des troupes de Justin Trudeau alors que le parti vient de voir le Bloc québécois lui ravir la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun, jusqu’ici considérée comme un bastion libéral.

Cette cuisante défaite s’ajoute à celle, à la fin juin, dans la circonscription de Toronto-St. Paul’s, un château fort libéral qui est passé aux mains des conservateurs de Pierre Poilievre. Ces derniers maintiennent une large avance dans les sondages depuis un an.

Malgré tout, M. Rodriguez réfute toute idée qu’il soit en train de quitter la barque libérale fédérale puisqu’il sent que celle-ci serait sur le point de couler.

«J’ai traversé des périodes très difficiles (du PLC), plus difficiles que celle d’aujourd’hui et j’ai rebâti le parti avec d’autres. J’ai dirigé la campagne de 2015 alors que tout le monde nous disait ‘’Non, vous ne gagnerez pas, c’est impossible’’», a-t-il soutenu, en référence à l’élection au terme de laquelle Justin Trudeau a délogé Stephen Harper de son siège de premier ministre.

Pablo Rodriguez a été élu à Ottawa pour la première fois il y a 20 ans. Il est député d’Honoré-Mercier, une circonscription située dans l’est de Montréal, depuis 2015, après avoir aussi occupé ce siège de 2004 à 2011.

Il devient donc le cinquième candidat à se lancer dans la course visant à trouver la personne qui succédera à Dominique Anglade.

Les autres candidats annoncés sont l’ex-maire de Montréal et ex-ministre fédéral Denis Coderre, l’ancien président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec Charles Milliard, l’avocat-fiscaliste Marc Bélanger et le député libéral provincial Frédéric Beauchemin.

M. Rodriguez a déjà l’appui de la députée libérale provinciale Désirée McGraw.

La course commence officiellement en janvier 2025. Le nouveau chef libéral sera choisi à l’été de cette même année.