Rattrapage des chirurgies: Dubé rate tous ses objectifs, martèle André Fortin

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault doit rappeler à l’ordre son ministre de la Santé, Christian Dubé, qui rate tous ses objectifs, estime le porte-parole libéral en matière de santé, André Fortin.

En point de presse à l’Assemblée nationale mercredi, M. Fortin a également dénoncé l’«absence» du ministre Dubé, qui laisse désormais le soin à l’agence Santé Québec, qu’il a créée, de répondre aux questions des journalistes.

Plus de 10 000 Québécois sont en attente d’une opération depuis plus d’un an, soulignait le quotidien La Presse mercredi.

Or, en mai 2023, ayant raté ses cibles de 2021 et 2022, M. Dubé avait présenté un troisième plan de rattrapage des chirurgies qui devait ramener le nombre de patients en attente d’une opération depuis plus d’un an à 2500, d’ici au 31 décembre 2024.

Le vice-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Serge Legault, a déclaré à La Presse qu’il n’y a «aucune chance» que la cible de 2500 soit atteinte, parce que les blocs opératoires ne fonctionnent pas au maximum de leur capacité.

Selon Santé Québec, des salles d’opération demeurent fermées en raison d’un manque de personnel, comme des inhalothérapeutes, des infirmières cliniciennes, des infirmières auxiliaires et des anesthésiologistes.

Que fait Québec pour recruter et retenir du personnel de la santé, a demandé mercredi André Fortin, qui souligne que les gouvernements de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick sont beaucoup plus «agressifs» sur le plan du recrutement.

Des responsables ontariens viennent carrément recruter du personnel québécois dans les stationnements des établissements de santé, a-t-il dit.

«C’est (Christian Dubé) qui doit justifier ses échecs aux Québécois. Ce n’est pas Santé Québec à peine formé, même pas lancé, qui doit justifier les échecs du ministre de la Santé», a dénoncé M. Fortin.

«On demande au premier ministre de regarder le bilan de son ministre, puis de trouver une façon de changer les résultats, parce que les Québécois n’en ont pas pour leur argent. La « job » du ministre, c’est d’améliorer les résultats et il échoue chaque fois», a-t-il renchéri.

«Ça n’a pas été long que M. Dubé a pris ses gros problèmes, puis il les a envoyés chez Santé Québec, puis il a dit: « Arrange-toi avec ça »», a également signalé le porte-parole de Québec solidaire en santé, Vincent Marissal.

Joël Arseneau, du Parti québécois, renchérit: «La liste ne baisse pas (…) et là, le comble, c’est que maintenant il ne répond plus aux questions; c’est Santé Québec, qui n’est pas encore en opération. Et le ministre se défile.»

La FMSQ prend la population en otage, rétorque Dubé

L’enjeu de l’accès aux chirurgies dans des délais médicalement acceptables a fait l’objet d’un débat houleux en Chambre, mercredi.

Courroucé, le ministre Dubé a d’abord déclaré qu’il n’avait plus aucun respect pour André Fortin. Puis, il a remis la faute sur la FMSQ, avec laquelle il négocie une nouvelle entente cadre et qui prend la population «en otage», selon lui.

François Legault est aussi sauté dans la mêlée, affirmant que les «médecins spécialistes peuvent en faire plus dans les chirurgies».

«Il est très clair que la FMSQ, en ce moment, est en train de mettre la négociation dans le jeu», a affirmé M. Dubé. Selon lui, 400 millions $ sont disponibles du côté des médecins pour le rattrapage des chirurgies.

«La FMSQ, puis je veux juste être certain que ce n’est pas ce qu’ils disent, mais hier, on m’a appelé pour me dire que peut-être le 400 millions $, il ne serait pas disponible jusqu’à tant que la négociation soit terminée.

«Je parle de tactiques de négociation syndicales pour prendre la population en otage pour que les négociations avancent selon eux.

«J’ai très hâte d’entendre le (président de la FMSQ) Vincent Oliva clarifier aux Québécois que cet argent est disponible maintenant pour qu’on puisse ouvrir les blocs opératoires», a-t-il déclaré.

Le Dr Oliva a assuré sur le réseau social X que «les médecins spécialistes travaillent chaque jour à résorber les listes d’attente». «L’argent est disponible et doit être utilisé dès maintenant», a-t-il écrit.

Plus tard, en mêlée de presse, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, n’a pas voulu parler d’une «prise d’otages», comme l’avait pourtant fait son collègue Dubé.

«Il y a un projet sur la table qui nous permet de venir donner des infirmières pour assister aux chirurgies. Ce projet-là fait l’objet d’une entente et quant à moi, il va aller de l’avant», a-t-elle dit.

André Fortin a accusé le ministre Dubé de «se cacher» derrière les négociations avec les infirmières et les médecins pour expliquer le retard dans le rattrapage des chirurgies.